En partageant avec les autres on bâtit un monde meilleur

Je veux partager ma propre histoire, ce que j’ai vécu avec ma famille. Et comment cela m’a donné beaucoup de force pour continuer aujourd’hui à m’engager avec les personnes dans la même situation que moi.

Par Elise Kabré (Burkina Faso)

Je vivais avec ma famille dans un quartier périphérique de la ville de Karpala. Quand on est arrivé dans le quartier, on ne connaissait personne. Il n’y avait que moi avec mes enfants et la Vieille, ma mère. Des fois on n’avait pas à manger. Souvent les enfants partaient à l’école le ventre vide. Avec les amis d’ATD Quart Monde on a décidé de faire une animation avec des livres dans la maison de la Vieille. Cela a tissé beaucoup de relations avec les familles et les enfants de notre quartier.
Les animations étaient le jeudi matin à 8 heures. Une volontaire de l’équipe et d’autres amis venaient avec une natte, quelques livres, parfois des feuilles et des crayons de couleurs. On faisait aussi des jeux, des chants, des danses, on racontait des histoires…Tous les enfants se réunissaient dans la cour de la Vieille, les enfants pauvres, les enfants riches, les enfants dont on ne sait pas d’où ils venaient, tous, ils se rassemblaient dans la cour de la Vieille. Chaque jeudi matin ils attendaient la venue des animateurs.

C’est à travers ces rencontres qu’on a créé la confiance avec les voisines, les voisins et aujourd’hui je suis fière de moi et de ma famille dans le quartier de Karpala.

Une fois, il y a eu une grande pluie, les tôles ont été arrachées et l’eau a rempli la chambre de la Vieille. Je suis la seule enfant de la Vieille, je suis une femme, mais j’ai mis toute ma force pour commencer à réparer et les gens du quartier nous ont aidés. Ils nous ont aidés à mettre à l’abri tout notre matériel, à faire sortir l’eau et réparer le toit. On est resté deux jours dehors, le temps d’arranger la maison. On n’avait pas les moyens pour renouveler la maison mais grâce aux nouvelles relations avec les familles du quartier, les gens nous ont soutenus pour payer le ciment, le sable, les tôles. Moi j’étais le manœuvre qui mélangeait le ciment, pour réparer la maison de ma maman où nous pourrions dormir avec ma famille. C’est tout cela qui m’a donné la force d’aller vers les personnes isolées comme moi pour leur partager un peu de cette expérience que j’ai vécue avec ma famille. Ce que font les gens pour nous, nous permet à aider aussi les autres personnes qui sont comme nous, des personnes qui n’ont pas la même chance que les autres. C’est ainsi que je suis devenue animatrice de bibliothèque de rue dans un autre quartier. Je voulais partager avec elles pour qu’elles aussi, demain, elles partagent avec les autres personnes qui sont dans la même situation que nous. C’est en partageant avec les autres qu’on peut bâtir un monde meilleur.