Ensemble, pour un hébergement digne

ATD Quart Monde Int
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3 min readMar 26, 2018

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En Octobre 2014, sur Laval, plus de 70 personnes dont des enfants n’ont pas de solution d’hébergement pour la nuit et sont obligées de dormir dans la rue. Par ailleurs plus de cent personnes viennent chaque jour à l’accueil de jour de 9h à midi pour poser leurs bagages, prendre une douche, un petit déjeuner, chercher des bons de transport ou des tickets repas.

Par Isabelle, militante ATD Quart Monde (France)

Devant cette situation, quatorze associations, dont ATD Quart Monde, créent un collectif dit “ Collectif d’Entraide et d’Innovation Sociale”(COLLEDIS,) pour réfléchir aux moyens à mettre en place pour un accueil inconditionnel et digne pour toutes les personnes qui le demandent.
Ce collectif interpelle la préfecture, les communes de l’Agglomération, le conseil général, qui font la sourde oreille. Pour informer et sensibiliser la population, le COLLEDIS organise un samedi matin, à l’heure du marché, une manifestation avec tentes et cartons d’abris de fortune. Présente à cette manifestation, je cite mon histoire à certaines personnes pour leur dire que j’ai connu la rue et le froid de l’hiver. Des gens ont du mal à me croire. Je craque une fois en expliquant mon passé à la rue.

Le COLLEDIS recense plusieurs lieux où des personnes pourraient être accueillies. Un samedi, nous nous retrouvons une quarantaine devant l’ancienne école d’infirmière inoccupée depuis plusieurs années. Finalement ce lieu est retenu pour mettre en place une halte de nuit où trente personnes pourront être accueillies de 18h à 8h. Pendant un an, cet accueil est géré par la Croix Rouge dans des conditions plus que rudimentaires : lits de camp, interdiction de manger sur place, accueil assuré par un gardien. Puis la gestion de cette halte de nuit est confiée à une association spécialisée dans l’hébergement d’urgence. Des lits normaux ont été installés ainsi
qu’un coin cuisine, un espace convivialité et jeu pour les enfants. Des bénévoles se relaient chaque jour pour épauler la professionnelle dans l’accueil et apporter de la convivialité.

Les associations constatent que des personnes fragiles, malades, des femmes enceintes n’ont pas d’endroit pour se poser l’après-midi. De plus, l’accueil de jour géré par le 115 a dû fermer, parce qu’il n’était pas aux normes, Le Secours Catholique ouvre provisoirement à la mi-décembre 2016 une halte de repos. Elle accueille tous les jours, de 13h30 à 17h jusqu’à 45 personnes grâce à la participation d’une cinquantaine de bénévoles. Mon expérience de bénévole à la halte de repos pendant la période d’hiver a été une très belle expérience. Les familles sont si gentilles, malgré leur situation. Je me suis occupée d’un grand père du Kosovo qui était gravement malade. J’ai fait appel à l’association qui apportait à manger le samedi pour l’emmener à l’hôpital.

Avec la halte de nuit, j’ai passé mon 31 décembre 2016 avec une femme hébergée et ses trois enfants car elle m’a invitée pour me remercier de ce que je lui avais apporté et pour que je ne sois pas seule durant cette période de fin d’année.

Ces personnes sont si chaleureuses qu’il m’est bien difficile de ne pas trop m’investir affectivement. Elles savent donner avec le sourire. Chaque moment passé à la halte de repos a été ressenti comme une vraie famille.

La halte de repos a fermé à partir de l’été comme c’était prévu. Cela a été très difficile à entendre pour moi. Pour trouver d’autres solutions, j’ai encore bougé près de la mairie, du Secours Catholique, de France Bleu Mayenne, d’ATD Quart Monde et avec le collectif on a continué le combat pour obtenir un accueil de jour après avoir obtenu celui pour la nuit. L’action a porté car en décembre 2017, un accueil de jour a vu le jour ! Et une nouvelle association est née, dénommée “ la porte ouverte” pour continuer à accueillir les personnes qui sont dans la rue. Un professionnel a été embauché et il y a une mobilisation importante de bénévoles pour faire vivre ce lieu.
Ces actions m’ont rappelé des souvenirs de quand je vivais à la rue. Sauf que je ne connaissais pas ces endroits où je pouvais me reposer et manger.

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