L’amour d’une mère

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3 min readAug 21, 2017

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L’histoire d’une mère qui se bat contre la drogue et pour que sa fille ait une vie meilleure.

Par Annemaria (Irlande)

J ’ai 41 ans et je suis mère de deux enfants. J’ai grandi au centre de Dublin. J’ai grandi avec la drogue, toute ma vie. J’ai commencé très tôt et je me suis droguée pendant plus de 20 ans.
À l’époque où j’étais droguée, j’ai confié mes enfants à leurs grands-parents dans le cadre d’un accord de garde, il y a six ans. Ça a été très difficile de reconstruire ma relation avec eux mais, Dieu merci, j’ai commencé à travailler avec les travailleurs sociaux.
Ce fut la chose la plus difficile que j’aie jamais faite.

Le mois dernier, ma fille est venue me rendre visite et elle m’a dit : “ Maman,
je ne veux plus vivre chez grand-mère. ”
Elle ne voulait plus rentrer, elle voulait rester vivre avec moi.
Ma situation n’était pas idéale à ce moment-là. Vraiment pas. Alors je lui ai dit : “ Mon amour, je ne suis pas dans une très bonne situation ” et elle a dit :
“ mais je continuerai à aller à l’école, je continuerai à… ”. Elle ne voulait plus du cadre qu’il y a là-bas. Pourtant, elle a de très bons amis, des amis très fidèles là où elle vit. Et elle est seulement à 10 minutes de chez moi.
Je ne voulais pas qu’elle perde tout ça, tout cet effort fourni pour arriver là.

J’ai dû assister à une réunion avec les grands-parents, l’assistant social de ma fille, le chef d’équipe, des tas de gens ! Moi, j’étais toute seule et me sentais très anxieuse. Mais ce qu’ils ont dit, c’est : “ Où est-ce que l’enfant veut vivre ? ”. Ma fille m’avait dit que tout ne se passait pas bien là-bas pour elle. Qu’elle voulait vivre avec moi. J’ai raconté tout ça aux travailleurs sociaux.
Mais à un moment de la réunion, j’ai dit haut et fort : “ écoutez, je ne suis pas dans une situation idéale, là ”.

En tant que mère, ça demandait beaucoup de courage de prendre la parole devant tous ces costumes-cravates, comme je les appelle, les travailleurs sociaux, les chefs d’équipe et tout ça, pour dire que ma situation n’était pas idéale.
Je ne veux pas ruiner la vie de ma fille.
Mais ça a vraiment exigé de prendre mon courage à deux mains pour ouvrir la bouche et dire que j’avais besoin d’aide, que je ne pouvais pas m’occuper de ma fille de 17 ans. Et que c’est une grosse étape à franchir pour moi, la désintoxication.

Je peux comprendre toutes les mères qui sont dépendantes et qui ont peur de dire : “ écoutez, je ne peux pas faire ça ”, parce qu’elles ont peur qu’on leur enlève leurs enfants, parce que c’est ce qui arrive.

Quand je parle à une autre mère, je lui dis de travailler avec le système plutôt que contre lui. Ma fille a 17 ans maintenant et elle peut venir me rendre visite. L’essentiel, c’est de mettre quelque chose en place pour elle, pour qu’elle ne soit pas là si jamais j’ai une rechute ou quelque chose dans le genre, vous voyez ce que je veux dire ? Je sais que dans la plupart des cas, les gens ont peur de se manifester parce qu’on va leur enlever leurs enfants.
C’est vraiment une situation sans issue pour ces mères.
Ça ne sert à rien de demander de l’aide quand c’est trop tard. Vous n’avez personne autour de vous, vous êtes dans un centre de désintoxication et vous êtes en train de faire une rechute. Si vous demandez de l’aide, on vous prend vos enfants. Vous êtes très vulnérable.

J’ai besoin de force pour continuer de me battre pour m’en sortir. Je le veux de toutes mes forces mais je sais le travail que ça exige. Je veux le faire pour moi et pour pouvoir vivre la vie pleinement.

Je veux retrouver mon esprit. Être une femme à la hauteur de mes ambitions.

J’ai mes enfants, ATD Quart Monde et ce qui reste de ma famille pour me soutenir. Je peux le faire et je vais le faire.

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